Le prêche du 6 avril 2025
Là, j’aurais bien vu un solo d’orgue, mais faudrait que je descende de mon perchoir.
Mes bien chères sœurs, mes bien chers frères,
Certains humains pensent vivre en pleine conscience. Ils sont persuadés, et parsèment leurs allégations de mots comme : vérité, maturité, perspective, justesse. Ils sont convaincus d’avoir compris et condescendent parfois à se pencher, à instruire. Manifestement, ces conditions participent à leur bien-être. Ils ont l’ardent désir d’être en harmonie avec l’idée qu’ils se font de l’univers. C’est beau. Là, j’aurais bien vu un solo d’orgue, mais faudrait que je descende de mon perchoir. On fera sans.
C’est beau, disais-je, et aurait pu être grand. Seulement, comme la lumière n’a de sens qu’en l’opposant à la nuit, le supérieur n’a de sens qu’en l’opposant à l’inférieur. Donc, cette pleine conscience a besoin de s’appuyer sur le bas pour s’épanouir vers le haut. Un peu comme les plantes ont besoin de la terre pour commettre l’aérienne beauté que nous leur connaissons. C’est où le bas, déjà ?
En résumé, et en y regardant de plus près : un être supérieur ne s’élève qu’à partir du socle que constituent ceux qu’il considère comme lui étant inférieurs. Reste à définir ces fameux inférieurs. Sur quels critères faut-il juger son prochain ?
Regardez notre microcosme : la gauche, la droite, les cathos, les islamos, les musulmans, l’équité, le droit pénal à géométrie variable, les crèmes glacées, mes prêches, tout peut être jugé, hiérarchisé, déformé, réduit, absous.
Je ne tirerai pas sur les classes dites populistes qui enragent d’être reléguées au simple rôle de l’inférieur. Je mettrai, peut-être, un cierge pour l’âme des intrigants qui se jouent d’eux en leur faisant croire qu’il peut en être autrement.
C’est pas tout ça, mais ce matin, c’est moi qui tiens le bar du village. Concluons :
Mes bien chères sœurs, mes bien chers frères, ne nous perdons pas. Devant chaque salade de certitudes qu’on vous propose, rappelez-vous : quelle que soit la nature du bien que l’on considère, il faut beaucoup de pauvres pour faire un riche.
Sœur Bertine